Jyoou no Kyoushitsu raconte l’histoire d’écoliers de primaire qui, pendant toute une année, se trouvent pris dans les griffes d’une mystérieuse enseignante diabolique.
L’histoire s’ouvre par la description d’une joyeuse matinée de rentrée scolaire. Kazumi Kanda (Mirai Shida) arrive à son école, toute contente de trouver ses professeurs et camarades de classe, impatiente et un peu stressée de voir comment se passera sa dernière année d’école primaire. Atmosphère d’insouciance et de légèreté, comme toujours quand on a 12 ans. Mais la nouvelle enseignante affectée à la classe de Kazumi, Maya Akutsu (Yuki Amami), met les élèves mal à l’aise dés le premier jour : très distante, voire hostile, elle va vite révéler des méthodes d’enseignement extrêmement dures, à la limite du sadisme. Les 11 épisodes de Jyoou no Kyoushitsu vont raconter comment les enfants vont se débattre dans les griffes de cette enseignante littéralement diabolique et quelles en seront les conséquences.
Même si les dramas se passant dans le milieu scolaire sont assez réguliers au Japon, les histoires racontées ont lieu la plupart du temps au lycée ou à l’université. Jyoou no Kyoushitsu a la particularité de montrer des élèves de primaire avec tout le côté enfant qu’ils peuvent avoir, ce qui met bien en relief et rend particulièrement dramatique le traitement auquel les soumet leur terrible enseignante : leçons de morale sur le fait qu’ils seront très peu nombreux à connaître le bonheur à l’âge adulte, raillerie sur l’amitié soi-disant inutile, tests d’intelligence d’abord hebdomadaires puis quotidiens à la suite desquels les élèves les moins performants sont soumis à des corvées, vacances d’été supprimées …. Maya Akutsu semble chercher à brimer les enfants et à les diviser, allant jusqu’à engager des espions pour la mettre au courant de ce que murmurent les autres élèves contre elle ! L’une de ses espionnes, excédée et désespérée, finit un jour par lancer à Maya Akutsu : « Je n’ai que 12 ans ! », phrase résumant bien l’aventure dramatique à laquelle sont mêlés des enfants loin d’être prêts à faire une entrée si brutale dans l’âge adulte.
Les moments comiques sont rares et ne servent qu’à mieux accentuer une atmosphère qui devient vite lourde, voire étouffante, au point qu’on se sent presque la chair de poule à voir Maya Akutsu faire son entrée le matin dans la classe en se demandant quelles nouvelles brimades et humiliations elle va inventer.
Dans le rôle de cette enseignante tellement maligne et diabolique, Yuki Amami joue à merveille. Il faut dire que c’était la présence de cette grande actrice au casting qui m’avait d’abord décidé à regarder Jyoou no Kyoushitsu. Elle a eu l’habitude, avant et après son rôle de Maya Akutsu, de jouer des rôles de femme forte et directrice (Rikon Bengoshi, Boss 1 et 2, Kaeru no Oujo-sama …) mais dans un registre toujours sympathique. Jyoou no Kyoushitsu est un de ses rares, voire son seul rôle ouvertement antipathique et elle le joue très bien : entièrement vêtue de noir, cheveux sévèrement tirés en arrière, visage de marbre, elle incarne à merveille une enseignante qui semble vouloir ouvertement le malheur de ses élèves et qui est en même temps sûre d’elle et assez intelligente pour manipuler les parents d’élèves, intimider ses propres collègues enseignants et faire peser une véritable chape de plomb sur la classe dont elle a la charge.
Son personnage va se révéler cependant au fur et à mesure plus nuancé qu’il n’en a l’air : comment une personne si diabolique peut-elle tant aimer l’enseignement ? Si elle surveille tant les élèves jusqu’en dehors de l’école, est-ce pour les dominer ou pour les protéger ? Son enseignement si dur n’aurait-il pas justement pour but d’en dégoûter les élèves? Aura-t-on le fin mot sur cette mystérieuse enseignante à la fin de l’histoire ? Ces interrogations expliquent probablement pourquoi le dernier épisode de Jyoou no Kyoushitsu a eu au Japon un record d’audience (25,3 %).
Mais la véritable héroïne, celle par qui on vit l’histoire est la jeune Kazumi. C’est elle qui va incarner l’épreuve que subit toute la classe et ce dés le premier jour d’école : ayant en effet raté le fameux test décidé par Maya Akutsu, elle se retrouve dans le collimateur de cette dernière qui semble prendre un intérêt particulier à la brimer et l’humilier. D’abord déstabilisée et intimidée, Kazumi essaie de réagir et de se défendre mais les parents d’élèves alertés se rangent finalement du côté de Maya Akutsu, la plupart des écoliers se résignent, les autres enseignants, eux-mêmes intimidés, ferment les yeux. Kazumi ne trouve même pas une oreille attentive chez ses parents au bord du divorce, ses anciens amis manipulés par Maya se retournent contre elle et vont même jusqu’à la la persécuter ! Elle ne trouve qu’un peu de réconfort auprès de sa sœur aînée et de son fidèle ami Yusuke.
Le courage et la persévérance de Kazumi rendent vraiment poignant le véritable calvaire qu’elle subit, d’autant plus que ce n’est pas seulement elle qu’elle veut défendre mais aussi l’ensemble de ses amis et camarades de classe. Le retournement de situation dans les derniers épisodes est d’autant plus émouvant : les écoliers se rangent finalement du côté de Kazumi, l’épreuve qu’ils traversent et surmontent est aussi l’occasion pour eux de créer une forte solidarité et une amitié sincère ainsi que d’acquérir une maturité presque plus importante que leurs propres parents ! Leur regard change aussi complètement sur cette enseignante qu’ils craignaient tant.
En conclusion, Jyoou no Kyoushitsu est un très bon drama. L’histoire est bien racontée et tient vraiment en haleine du début à la fin mais a aussi le mérite de dépasser le cadre du simple divertissement pour être centrée sur l’évocation – et la dénonciation – de problèmes traversant la société japonaise d’aujourd’hui : mode d’enseignement centré uniquement sur la recherche de la performance oubliant le développement personnel, harcèlement des élèves dans les écoles, statut des femmes …
NB : deux épisodes spéciaux ont été réalisés racontant comment, quelques années avant, Maya Akutsu, alors enseignante idéaliste et naïve, est devenue l’apparent démon de Jyoou no Kyoushitsu. Eux aussi valent la peine d’être vus.