Live Japon : derrière les USA, talonné par la Corée du Sud et la Chine

La rubrique hebdomadaire Live Japon de Clubic est consacrée aujourd’hui au net recul des produits électroniques japonais devant la concurrence chinoise et sud-coréenne.

Lorsqu’il est venu en France au mois de mars dernier à l’occasion du Salon du Livre de Paris, le mangaka japonais J.P. Nishi l’a amèrement constaté : les produits électroniques japonais y sont de moins en moins visibles. Cette perte de présence de l’électronique nippone à l’étranger n’est pas qu’une impression, c’est une triste réalité qu’est venue récemment corroborer une étude annuelle du groupe d’information économique Nikkei.

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Selon une enquête Nikkei portant sur les parts de marché de différents pays sur 50 types de produits, le Japon ne détient plus, pour l’ensemble de l’année 2011, que 9 premières places, soit deux de moins qu’en 2010. La baisse se poursuit au profit notamment des Etats-Unis (19 premiers rangs), de la Corée du Sud (8 premiers rangs) et de la Chine (6 premiers rangs).

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Parmi les 50 produits analysés, figurent en outre surtout des types d’articles pour lequels le Japon est pourtant censé être très bien placé, autrement dit là où ses industriels sont les plus performants (électronique, robotique, automobiles). Mais même dans ses domaines de force, le Japon perd de la vitesse.

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En 2011, les entreprises nippones détenaient la plus importante part de marché mondial dans les neuf domaines suivants: les caméras vidéo (Sony 44 % et son compatriote Panasonic 18 %), les appareils photo numériques (Canon 18,8 % et Sony 17,1 %), les consoles de jeu vidéo (Nintendo 41,3 % et Sony 38,9 %), les diodes électroluminescentes blanches (Nichia 28,8 % devant le sud-coréen Samsung Electronics 13,6 %), les batteries lithium-ion (Panasonic 23,5 % devant le sud-coréen Samsung 23,2 %), les véhicules industriels tels les charriots élévateurs (Toyota Industries 18,2 % devant l’allemand Kion, 14,8 % ), les robots polyvalents (Fanuc, 18 % devant le suisse ABB 12,8 %), les systèmes industriels à commandes numériques (Fanuc 55 %, devant l’allemand Siemens 22 %), les navires de transport de voitures (Nihon Yusen 17,8 % et Shosen Mitsui 14,8 %).

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Pour le reste (téléviseurs, ordinateurs, baladeurs audio-numériques, téléphones portables, tablettes, etc.), les entreprises japonaises, frappées en 2011 par la triple catastrophe du 11 mars (séisme, tsunami, accident nucléaire de Fukushima) ont cédé la première place à un concurrent étranger. De surcroît dans les domaines où les Nippons restent premiers, ils sont parfois sévèrement talonnés. C’est le cas par exemple dans le secteur des batteries lithium-ion, où Samsung fait quasiment jeu égal avec Panasonic, lequel est parvenu à la première place mondiale grâce à l’absorption de son compatriote Sanyo, un pionnier en la matière. Samsung est quant à lui premier dans sept catégories sur les huit pour lesquelles la Corée du Sud est en tête, essentiellement dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC) dont le Japon était autrefois champion.

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Samsung est ainsi le plus gros pourvoyeur au monde de smartphones (19,1% de parts de marché), de mémoires DRAM (42,2 %), de téléviseurs à écran plat (23,8 %) ou encore de dalles plasma (35,4 %). La Chine s’honore pour sa part d’être numéro un pour les climatiseurs domestiques, les réfrigérateurs, les lave-linge ou encore, et c’est un peu plus étonnant, les panneaux solaires. Quant aux Américains, ils sont surtout des as de l’informatique, premiers pour les tablettes/ardoises numériques (Apple 41,4 %, Amazon 22,3 %), les systèmes d’exploitation de smartphone (Google, Android 46,5 %, Apple iOS 18,9 %) ou encore les moteurs de recherche en ligne (Google 69,9% devant le chinois Baidu 9,6 %).

« Dans le domaine des TICS, l’effondrement du Japon est patent », commentent les analystes de Nikkei, prenant notamment en exemple les smartphones et tablettes, des types de produits pour lesquels la demande mondiale croît à grande vitesse. Pour les tablettes, là où l’américain Apple se targue d’une part de marché de plus de 40 %, le nippon Sony ne parvient même pas à atteindre 2 % (on y reviendra dans la chronique Live Japon la semaine prochaine). Dans le domaine des smartphones, les Japonais, pourtant pionniers du secteur des télécommunications mobiles, sont désormais relégués en bas de tabeau, après Samsung (Corée du Sud), Apple (USA), Nokia (Finlande), RIM (Blackberry, Canada) et HTC (Taïwan). Les Nippons n’ont pas non plus réussi à imposer mondialement un système d’exploitation pour les téléphones alors même qu’a été développé et a dominé au Japon pendant plus d’une décennie le puissant OS Tron du professeur Ken Sakamura (voir Live Japon 10 janvier 2011).

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Pire, même s’ils restent forts dans le domaine des composants, les Japonais se laissent peu à peu distancer. L’unique survivant nippon fabriquant des mémoires DRAM, Elpida Memory, a été forcé cette année de déposer le bilan et est secouru par un groupe américain, ce qui signe pour ainsi dire la fin de l’histoire des DRAM au Japon qui a pourtant longtemps été le numéro un en la matière avant de se faire distancer par les Sud-Coréens et autres Asiatiques.

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Pour sortir la tête haute de cette compétition internationale et reprendre des places de premier choix dans les domaines les plus prometteurs, les fabricants nippons vont devoir se résoudre à resserrer ou regrouper leurs forces, sans quoi ils risquent de se faire avaler. Cette prise de conscience a commencé. Sony a ainsi franchi le rubicon en reprenant l’intégralité de la filiale de mobiles détenue avec le groupe suédois Ericsson, la rebaptisant au passage Sony Mobile Communications afin de lui donner un coup d’accélérateur en lui faisant profiter des synergies avec d’autres divisions du groupe (jeux, ordinateurs, etc.). Le même Sony, dont l’activité de TV est ancrée dans le rouge depuis huit ans, a aussi décidé de s’associer à son « éternel rival » et compatriote Panasonic dans le domaine des téléviseurs à écran organique électroluminescent (OEL). Las, Sharp, pour sa part, bien que premier à avoir industrialisé la fabrication d’afficheurs à cristaux liquides (LCD) dans les années 1970, n’a peut-être pas réagi assez tôt et est en train de se faire manger par le taïwanais Hon Hai (plus connu sous le nom commercial Foxconn).

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On se consolera toutefois en soulignant que l’enquête Nikkei ne prend en compte que 50 produits, et qu’en dehors de ces derniers il en existe bien d’autres du champ technique pour lesquels les Japonais peuvent s’honorer d’être des fines lames. Exemple: les fibres de carbone (70 % du marché mondial, Toray, Teijin), les endoscopes (plus de 80% du marché mondial, Olympus, Fujifilm), les micro-moteurs, les voitures hybrides ou encore les films optiques pour écrans, etc.

Source : Clubic

Commentaire Vue du Japon : il faut ajouter aussi, pour nuancer un peu le tableau, que ce dossier ne prend pas en compte la part des composants japonais dans les produits finis. Ainsi dans le domaine des « technologies de l’information et de la communication (TIC) dont le Japon était autrefois l’emblême« , la plupart des écrans tactiles des téléphones mobiles et des consoles de jeux du monde sont de conception et de fabrication japonaise. Si Samsung et Apple, avec leurs smarthones Androïd et iPhone,  font nettement reculer les fabricants japonais d’appareils mobiles, ils ne pourraient pas fabriquer et vendre ces produits sans la technologie et le savoir-faire japonais.

 

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