Récit personnel d’un itinéraire passé des quartiers de Shibuya à Shinjuku (ouest de Tokyo).
NB : ayant eu des problèmes avec mon appareil photo ce jour-là, je ne peux joindre à cet article qu’une photo personnelle : celle de la statue du chien Hachiko. Les autres sont issues de Wikimedia Commons.
Itinéraire commencé par la grande gare de Shibuya, une impression assez mémorable. Car moi qui était habité aux gares de métro parisiennes, prenant les plus grandes pour d’immenses centres de trafic, j’ai changé d’opinion en traversant la grande gare de Shibuya : escaliers et couloirs qui n’en finissent pas, impression de tourner en rond …. A un moment, passant d’un escalier à un autre, je me suis presque retrouvé à l’extérieur et ai pu avoir un aperçu de l’animation du quartier de Shibuya : grands panneaux de vidéos publicitaires, boutiques en tout genre, foule se pressant à tous les coins de rue …. J’ai tout de suite pensé à Times Square de New York. Shibuya est d’ailleurs le grand lieu de rendez-vous des jeunes de Tokyo.
Sortie finalement de la gare pour arriver à ma première destination : la statue du chien Hachiko. Voir un de nos compagnons à quatre pattes érigé en statue, voilà qui n’est pas courant. Ceci tient à une histoire qu’on pourrait croire avoir été écrite pour le cinéma : Hachiko était un chien des années 20 qui avait l’habitude d’aller tous les soirs à la rencontre de son maître, professeur à l’université de Tokyo. En mai 1925, le maître périt foudroyé par une hémorragie cérébrale mais Hachiko continua pendant 10 ans, tous les jours, à revenir en fin de journée à l’endroit et à l’heure où son défunt maître avait l’habitude de rentrer. Hachiko était devenu célèbre dans le quartier et beaucoup d’habitants avaient pris l’habitude de lui donner à manger : quand il périt en 1935, l’événement fit la une de certains journaux, il fut empaillé et une statue élevée à sa mémoire à la sortie de la gare de Shibuya. Cette statue est devenue maintenant un lieu de rendez-vous dans le quartier. De taille assez modeste, elle n’a rien de spectaculaire mais sert à rappeler une histoire qui était (peut-être) un bel exemple touchant de fidélité.
Bifurcation vers le nord pour se retrouver au Shibuya Crossing. C’est tout simplement le carrefour piétonnier le plus dense du monde, plus exactement deux carrefours piétonniers qui se croisent et font se croiser par la même occasion la plus grande densité de piétons au monde chaque journée. Et le tout se fait sans bousculade, ni heurts ! Une curiosité qui vaut la peine d’être vue. La vidéo ci-dessous vous en donnera un aperçu :
Direction nord pour aller au parc de Yoyogi à pied. L’animation trépidante du quartier de Shibuya se calme peu à peu, les boutiques branchées moins nombreuses et la foule (relativement en tout cas) moins dense. A ce moment-là, midi est à peine passé : des salariés de bureaux, fidèles à leur style vestimentaire costume-cravate-mallette, font la queue devant des camionnettes de restauration rapide pour acheter des bentos (les bentos sont des boîtes contenant des repas rapides).
Entre une demi-heure de marche et une heure de marche m’amène au parc Yoyogi. J’avais lu que les cosplays (jeunes japonais habillés de façon assez extravagante imitant des héros de mangas, jeux vidéos ou films) ont l’habitude de s’y produire le week-end. C’est peut-être parce que ce jour-là était un jour de semaine que (heureusement ou malheureusement) je ne les vis pas. Traversée du grand parc Yoyogi (un bon bol d’air) pour arriver au bout de quelques minutes au grand sanctuaire du Meiji Jingu. C’est le plus grand temple japonais de la religion shinto, construit dans les années 20 en mémoire de l’ancien empereur Meiji (règne de 1868 à 1912).
A cette occasion, les Japonais offrirent pour la construction de ce temple des dizaines de milliers d’arbres venus de tout le pays. Pourquoi une telle ferveur? Cet empereur lança dans la seconde moitié du 19ème une grande modernisation du Japon, abolissant l’ancien régime féodal, imposant une industrialisation accélérée du pays, la mise en place d’institutions et d’une armée modernes à l’occidentale. Il a en un sens contribué à fonder le Japon moderne. Bon, pour être honnête, il faut savoir qu’il a aussi mis en place un code civil dans laquelle la femme était quasiment déclarée inférieure à l’homme et qu’il a mené une politique de guerres de conquêtes et d’annexions violentes.
Quoi qu’il en soit, ce temple est impressionnant. J’ai même eu le sentiment qu’il s’en dégageait une atmosphère particulière, faite de respect et de recueillement … mais cela tenait peut-être tout simplement au fait que les visiteurs étaient à ce moment peu nombreux. Car à certaines périodes de l’année, comme pendant le nouvel an japonais, le Meiji Jingu est littéralement pris d’assaut.
Sortie du parc Yoyogi pour continuer en direction du nord vers le quartier de Shinjuku. La fatigue accumulée fait que le reste de l’itinéraire se fera en train, de la gare ferroviaire Meiji Jingu Mae à la gare de Shinjuku. Immersion à nouveau dans une immense gare (elle serait d’ailleurs la plus importante du monde). Heureusement, les directions, bien indiquées, me permettent de prendre le chemin de la mairie de Tokyo à laquelle m’amène un couloir piétonnier souterrain.
Sortie à l’air libre pour arriver au grand bâtiment de la mairie de Tokyo (plus exactement le siège de l’ensemble de la préfecture de Tokyo). Cette grande construction de plus de 200 mètres de haut a été l’œuvre à la fin des années 80 du grand architecte Kenzo Tange. Un peu le symbole de l’apogée de la prospérité de l’économie japonaise de cette époque, elle a la particularité d’être composée de 2 tours jumelles. Montée en ascenseur à l’observatoire du dernier étage après être passé par la fouille, très polie mais minutieuse des agents de sécurité. Boutiques de souvenirs en tout genre et grand panorama sur tout Tokyo et même au-delà : par beau temps on voit le mont Fuji (le ciel étant couvert ce jour-là, je n’ai pas pu en profiter).