Avec le shintoïsme, le bouddhisme est l’autre principale religion du Japon. Rappelons qu’il aurait été à l’origine prédit en Inde par Siddhartha Gautama aux 5-6ème siècles avant JC et qu’il est centré sur la recherche du salut individuel par l’extinction des désirs et la prise de conscience de l’impermanence et de la fragilité de toute chose. On le définit parfois comme une religion sans dieu et donc plus comme une philosophie. Pas tout à fait vrai : le bouddhisme ne nit pas l’existence de dieux (Kannon est une déesse bouddhiste au culte célébré dans plusieurs pays d’Asie de l’Est) mais ne pose pas leur culte comme quelque chose d’essentiel : l’essentiel est de suivre l’enseignement de Siddhartha Gautama (devenu Bouddha car ayant eu la révélation de comment trouver le salut).
Depuis l’Inde, le bouddhisme s’est répandu en Asie de l’Est et du Sud avant d’arriver au Japon au 7ème siècle ap JC. En fait il y était peut-être déjà présent avant mais c’est à cette date qu’il a été choisi comme religion officielle. Cette époque était en effet celle des débuts du premier gouvernement japonais centralisé et les empereurs construisaient le nouvel état sur le modèle de la Chine considérée alors comme la civilisation de référence.
Ce statut officiel du bouddhisme ne signifiait cependant pas statut exclusif et unique : la religion traditionnelle shinto ne fut pas réprimée, son culte resta vivace et existe encore de nos jours. On le voit très bien dans l’architecture religieuse japonaise contemporaine où coexistent aussi bien temples shinto que temples bouddhistes. Ces derniers (appelés teras) sont souvent de bien plus grande taille que les temples shintos car ils abritent des bâtiments dédiés à l’étude et à la vie des bonzes (nom généralement donné aux prêtres bouddhistes).
Une caractéristique du bouddhisme japonais a été l’apparition et la multiplication au cours des siècles d’écoles et sectes, chacune voyant une ou des nouvelles façons d’interpréter et d’appliquer les enseignements de Bouddha. On peut citer par exemple le Zen, venu de Chine au 13ème siècle et défendant l’idée que l’éveil individuel peut être atteint par chacun au cours de sa vie par une pratique très rigoureuse. Le Shingon, importé lui aussi de Chine mais plus tôt (9ème siècle) enseigne lui plutôt comment lier son esprit avec celui du grand Bouddha universel. Cette école serait encore aujourd’hui celle qui regroupe au Japon le plus d’adeptes. Le Shugendo est quant à lui un courant typiquement japonais insistant sur l’ascétisme et la vie en montagne. Autre courant typiquement japonais : le Nichiren fondé au 13ème siècle et mettant l’accent sur une pratique épurée et simplifiée.
Que les bouddhistes qui lisent cet article me pardonnent les erreurs et approximations que j’ai pu commettre. Ce bref aperçu de certaines des écoles bouddhistes japonaises permet au moins de nuancer l’image de religion centrée sur la paix et la tolérance religieuse qu’on peut avoir du bouddhisme en Occident : certaines écoles exigent de leurs membres une pratique rigoureuse et sévère et la doctrine attribuée à Bouddha peut avoir donné lieu à de véritables controverses théologiques. Ces grands courants bouddhistes japonais sont d’ailleurs souvent eux-mêmes divisés en courants. Cette profusion d’écoles et de doctrines parfois rivales n’a en tout cas pas entraînée de profondes divisions dans la société japonaises analogues aux conflits sanglants entre protestants et catholiques dans l’Europe du 16ème siècle.
On a vu un nouveau mouvement d’apparition d’écoles bouddhistes à l’époque moderne : le Shinnyo-En, courant du Shingon apparu en 1936, le Reiyukai fondé en 1920 et la Soka Gakkai fondée en 1936. Ces 2 derniers courants sont issus du Nichiren et la Soka Gakkai est une véritable organisation structurée envoyant même des députés au Parlement japonais. Difficile de dire dans quelle mesure on a affaire à de véritables courants religieux ou à des dérives sectaires.
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