Issu du manga L’école emportée de 1972-1974, le drama Long love letter mélange de façon originale plusieurs thèmes : science-fiction, écologie, rapports humains ….
L’histoire
Deux jeunes gens, Yuka Misaki (Takako Tokiwa) et Akio Asami (Yosuke Kubozuka), font connaissance et entament un début d’histoire d’amour … qui prend brusquement fin quand après voir perdu son portable Akio ne peut plus contacter Yukia. Un an passe : Akio est enseignant dans un lycée et Yuka travaille dans la boutique de fleurs de son père. Passant par hasard dans le lycée où travaille Akio, elle le rencontre et tous deux commencent une discussion qui devient un peu tendue … et s’arrête brusquement quand une violente secousse frappe l’école.
Les habitants du quartier constatent avec stupéfaction que l’école a disparue laissant à sa place un trou béant. Ceux qui étaient restés dans l’école voient le paysage autour d’eux transformé en désert! Akio, Yuka ainsi que les élèves et enseignants essaient de comprendre la situation en attendant des secours. Mais ils vont comprendre progressivement qu’ils ont fait un bond en avant dans le temps et vivent désormais sur une Terre transformée en un immense désert stérile par la folie des Hommes ayant sans retenue pollué et gaspillé les ressources naturelles. Commence une véritable lutte pour la survie dans cet environnement hostile, sans eau ni alimentation, peuplé seulement de rescapés de l’espèce humaine ayant régressés dans la barbarie voire mutés en de véritables monstres.
Un récit de science-fiction original
Le voyage dans le temps est un grand thème classique de la science-fiction, celui de l’humanité risquant l’autodestruction est lui aussi régulier dans le cinéma et la littérature japonaise.
Le drama Long Love Letter a l’originalité de ne pas commencer du tout par ce genre d’ambiance: pour tout vous dire, dans la majorité du premier épisode, je croyais avoir affaire à une histoire d’amour un peu classique. Un peu comme dans les romans d’anticipation de H.G. Wells, on s’habitue à voire évoluer dans un environnement très quotidien les personnages qui vont basculer brusquement dans cette aventure fantastique, laquelle va rester imprégnée de cette atmosphère familière et paraître du coup d’autant plus réaliste.
Réalisme aussi par la quasi-absence d’effets spéciaux. Apparemment pour raisons de budget, vu le traitement réservé aux fameux monstres mutants censés être les descendants de l’espèce humaine : ils apparaissent tardivement, se manifestent rarement et quand on les voit c’est en ombre chinoise, très vite dans l’obscurité, comme des silhouettes indistinctes à l’horizon…. Bref Long Love Letter n’a rien d’un drama avec des scènes d’action spectaculaires agrémentées d’effets spéciaux 3D à couper le souffle. Et c’est tant mieux car le réalisme en est d’autant plus renforcé et le récit peut se recentrer sur l’essentiel : la façon dont nos naufragés du temps vont au quotidien lutter pour leur survie et quelles vont en être les implications et conséquences.
Une aventure humaine et humaniste
Si le récit tient en haleine, c’est par les nombreuses façons dont nos égarés du futur luttent pour leur survie. Les ennemis extérieurs, tels que les monstres mutants évoqués plus haut ou des humains survivants dans ce désert venant agresser nos amis ou piller les ressources de l’école sont moins dangereux que certains membres du groupe mettant tout le monde en danger.
Les premiers pétages de plomb arrivent symboliquement chez les enseignants, dépositaires théoriques du savoir et de l’autorité : un tel essaie d’assassiner les autres pour augmenter la quantité de rations disponibles, une autre refuse de reconnaître la réalité, prend des élèves en otages, pille les réserves d’eau et de nourriture. Certains élèves rechignent voire refusent de se plier à la discipline collective quand d’autres se réfugient dans une salle de l’école pour créer leur état indépendant! Ceci met d’autant plus en valeur l’impression de précarité que vivent les autres et rend d’autant plus poignant leur volonté de survivre coûte que coûte : production manuelle d’électricité, rationnement maximum, exploration à l’extérieur pour trouver ce qui a pu survivre d’utile dans ce désert infini, mise en place de culture de légumes….
Le fait que tout le monde se serre les coudes, le début d’histoire d’amour esquissé au début entre Yuka et Akio qui se renforce, la volonté de tout le monde de revoir ses proches, lesquels restés au Japon de 2002 entendent et voient même parfois leurs proches passés dans le futur… tout ça fait que les notions de solidarité, d’entraide, de respect et d’amour des autres deviennent très fortes, voire poignantes. Le drama évite pour autant le piège de l’ambiance trop moralisatrice et j’ajoute que la musique colle parfaitement à l’ambiance : de quoi avoir vraiment les larmes aux yeux.
Un très bon drama donc … sauf la fin : pas décevante mais disons surprenante. En tout cas j’ai eu du mal à la comprendre. Sans vous la dévoiler, je peux vous dire qu’on donne à ce moment une explication au pourquoi du voyage dans le temps de nos héros. Explication que j’ai trouvé très bancale. Du coup se pose aussi une question qui est le cauchemar habituel des écrivains de science-fiction : le paradoxe temporel. En effet si il y a à nouveau voyage dans le temps, que vont devenir nos naufragés du futur? Toute l’histoire que nous venons de voir sera-t-elle effacée? Ne vous trompez pas : nos héros ne rentrent pas à leur époque. Qu’est-ce qui se passe alors? Je vous dis : j’ai eu du mal à comprendre. La toute dernière image m’a paru donner d’ailleurs 2 infos apparemment contradictoires. A chacun de se faire son idée après voir vu ce drama.
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