Le syncrétisme religieux japonais

prière au Japon

On a vu que les principales religions du pays sont le shintoïsme et le bouddhisme. Mais à votre avis laquelle est la plus importante ? Eh bien aucune car la grande majorité des Japonais pratiquent ces deux religions ensembles. Ce n’est d’ailleurs pas l’apanage du Japon : dans d’autres pays d’Asie de l’Est sont pratiqués ensemble et le culte du Bouddha et celui de religions populaires plus anciennes.

Ceci est possible d’abord parce que le bouddhisme, en parallèle du suivi de l’enseignement de Bouddha, n’interdit pas le culte du ou des dieux de son choix. Contrairement à ce qu’on croit parfois ce n’est pas une religion sans dieu : il ne considère plutôt pas le culte de tel ou tel dieu comme quelque chose d’essentiel. C’est pourquoi quand il a été adopté comme quasi-religion d’état au Japon au 6ème siècle, cette décision ne s’est pas accompagnée de l’interdiction du culte shinto.

Ce culte shinto populaire et polythéiste ayant en commun avec les religions des Étrusques, Grecs et Romains de l’Antiquité l’absence de vision mystique et sacrée du monde, il peut très bien s’accommoder d’une autre religion qui comme lui ne prétend pas non plus à l’exclusivité.

Ces deux cultes ont pris des fonctions assez distinctes et complémentaires. Les Japonais prieront ainsi les dieux shinto pour demander aide et protection aux différentes étapes de la vie : naissance, mariage, vie professionnelle et privée, santé … Ainsi dans les temples shinto sont célébrés des mariages (16% des mariages religieux célébrés au Japon), des baptêmes et les Japonais vont très régulièrement dans ces temples prier les dieux pour leur demander ai de et protection à l’occasion d’une rencontre amoureuse, d’une recherche d’emploi, d’un examen, d’une rencontre sportive …. Les temples shinto font aussi un commerce important d’amulettes censées porter chance.

On se tournera par contre vers le bouddhisme pour ce qui concerne le deuil et le repos de l’âme : l’immense majorité des cérémonies funéraires sont ainsi de rite bouddhiste. Le bouddhisme ne croyant pas à la résurrection mais à la réincarnation, l’immense majorité des défunts sont incinérés et leurs urnes funéraires inhumées dans des cimetières bouddhistes.
Les funérailles de rite shinto sont très rares : à ma connaissance les seules sont celles des empereurs.
La majorité des familles ont chez eux un ou des petits temples bouddhistes pour le souvenir de leurs défunts mais il n’est pas rare qu’elles aient aussi en même temps un mini-temple shinto.

Enfin certaines organisations religieuses apparues récemment tendent même à fusionner dans une même doctrine shintoïsme et bouddhisme. Mais assez difficile de dire si on affaire à de vrais mouvements religieux ou à des dérives sectaires.

En tout cas ce syncrétisme religieux peut paraître original voire surprenant pour nous qui sommes habitués aux religions monothéistes à cultes uniques et exclusifs. C’est peut-être d’ailleurs pourquoi le christianisme ne s’est jamais implanté au Japon : arrivé avec les commerçants et missionnaires portugais au 16ème siècle, son extension s’arrêta net avec la fermeture du pays et la persécution des chrétiens par les nouveaux shoguns Tokugama au début du 17ème siècle (voire l‘histoire résumée du Japon pour plus de détails). La réouverture du pays et sa modernisation accélérée au 19ème siècle vit le retour des missionnaires européens mais pas de conversion massive des Japonais : aujourd’hui, moins de 5% d’entre eux se déclarent chrétiens.

 

 

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