Les geishas font partie des images fortes associées à un Japon traditionnel qui aurait perduré jusqu’à l’époque contemporaine. Leur image de courtisanes et/ou de prostituées de luxe a contribué à alimenter les fantasmes sur les femmes japonaises. Le problème de cette image est qu’elle est complètement fausse.
Si dans le passé les geishas ont pu avoir des liens avec la prostitution ces liens sont maintenant terminés. Les geishas d’aujourd’hui ne sont ni des courtisane ni des prostituées : ce sont des dames de compagnie pratiquant pour les clients faisant appel à leurs services les arts traditionnels japonais : danse, musique, chant, poésie, ikebana (composition florale) ….
Le terme geisha (芸者) signifie d’ailleurs au sens littéral « personne d’art« .
Les geishas sont payées par honoraires et exercent de fait leur métier comme profession libérale. Elles sont cependant toujours rattachées à une maison de thé appelée okiya dans laquelle elles peuvent choisir de vivre ou non.
Si vous voulez participer à une soirée en compagnie de geishas prévoyez un gros budget car les tarifs des geishas sont chers (plusieurs centaines d’Euros). Beaucoup de soirées avec des geishas sont d’ailleurs réservés aux habitués et/ou aux personnes recommandées par des habitués.
La formation des geishas incluant la maîtrise de plusieurs arts traditionnels est longue (plusieurs années) et commence le plus souvent vers l’âge de 17-18 ans. Leur école nationale se situe dans le quartier de Gion à Kyoto. Dans cette ville, les geishas sont d’ailleurs appelées geikos et leurs apprenties maïkos.
Les geishas se reconnaissent facilement à leur habillement : kimono de soie décolleté dans le dos et cheveux coiffés en chignon. Le visage fardé de blanc est quand à lui propre aux maïkos.
Autre idée reçue sur les geishas : faisant partie intégrante de la culture japonaise traditionnelle, elles existeraient au Japon depuis des temps immémoriaux. Faux : la profession de geisha n’a pas commencé à s’exercer avant le 18ème siècle, plus exactement en 1712 avec l’ouverture des maisons de thé. Les geishas étaient d’ailleurs au début des hommes, la profession se féminisant petit à petit avant de devenir exclusivement féminine à partir de 1800.
C’est vrai que le 18ème siècle paraît a priori une période ancienne mais elle est relativement récente une fois mise en perspective par rapport à l’Histoire du Japon. Une autre institution très liée à l’image du Japon traditionnel, les samouraïs, est ainsi apparue au 12ème siècle, soit 600 ans avant que les geishas commencent à exercer leurs talents. Pour mieux vous faire une idée : l’action de films de Akira Kurosawa comme Les sept samouraïs, Kagemushua, Ran ou La forteresse cachée se passe à une époque où la profession de geisha n’existait pas encore.
Le nombre des geishas a régulièrement diminué pour n’atteindre dans la décennie 2000 que quelques centaines de personnes. En 2011, la ville de Shimoda a même lancé un programme de formation de geishas pour enrayer le déclin des membres de cette profession. Causes possibles de ce déclin : les contraintes liées au métier qui imposent souvent le célibat et un statut qui peut ramener à une image inférieure de la femme, image anachronique à une époque où les femmes japonaises sont de moins en moins des femmes au foyer soumises.
Depuis toujours pratiquée uniquement par des Japonaises, la profession de geisha a commencé à s’ouvrir (très timidement) aux étrangères : ainsi l’australienne Fionna Graham geisha de 2007 à 2011 et la roumaine Isabella Onou depuis 2011. Ceci permettra-t-il un renouvellement de la profession ?
Voici un reportage sur les geishas de Kyoto tourné en 2006 :
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