Le Japon n’est pas en déclin

le Kinkakuji sous la neige

Contrairement à une nouvelle idée reçue, le Japon n’est pas le pays en déclin économique inexorable qu’on montre trop souvent.

Des signes apparents de déclin économique …

Les signes de grosses difficulté sont apparemment nombreux :

  • croissance du PIB japonais inférieure de 2000 à 2008 à celle de l’Union Européenne et des Etats-Unis (10,6 % contre respectivement 17,1 % et 18,6%)
  • énorme endettement : 230% du PIB soit le plus gros taux d’endettement du monde
  • perte en 2010 de la place de deuxième économie du monde au profit de la Chine
  • forte concurrence aux productions japonaises dans le domaine des produits électroniques (téléphonie mobile, télévision, appareils photos) de la part de la Corée du Sud ayant fait perdre au Japon son leadership.
  • signe des problèmes économiques : développement des emplois précaires et du chômage faisant du Japon le pays développé connaissant derrière les États-Unis le plus fort taux de pauvreté

Signes assombrissant les perspectives d’avenir :

  • faible taux de fécondité (1,39 enfants/femme en 2010,  bien en-dessous du taux de renouvellement des générations à au moins 2,1 enfants/femme) non compensé par une faible immigration entraînant diminution et vieillissement de la population japonaise
  • crise de Fukushima en mars 2011 qui a entraîné la fermeture de la majorité des centrales nucléaires japonaise. Conséquence : forte hausse des importations de pétrole et de charbon creusant le déficit commercial et plombant d’autant plus l’économie

Retour haut de page

… qui doivent être fortement nuancés

Si l’économie japonaise était vraiment affaiblie et déclinante, la récession mondiale de 2008-2009 l’aurait terrassé en provoquant une récession d’ampleur analogue à celles qu’ont connu et que connaissent l’Espagne et la Grèce. Des chiffres montrent un réel dynamisme de certains secteurs de l’économie : exportations japonaises multipliées par 3 entre 1989 et 2006 et PIB/habitant qui a été en 2010 plus important que celui de la France, de l’Allemagne, du Royaume-Uni et de l’Italie.

95% de la dette japonaise est détenue par des Japonais (particuliers ou entreprises) ce qui limite fortement les risques de crise financière analogue à celle de la Grèce. Le Japon est aussi un des premier créancier mondial de la planète (3 000 milliards de $ de créances)

Le passage en 2010 de la Chine au rang de deuxième puissance économique mondiale par le PIB, si il a rétrogradé le Japon au troisième rang, ne signifie absolument pas un transfert des technologies japonaises vers la Chine : des entreprises comme Sony, Toyota, Panasonic ou Honda n’ont pas été dépassées ni même rachetées par des entreprises chinoises et Le PIB de la Chine par habitant ne représente encore que 12% de celui du Japon.

Concernant les problèmes démographiques, la situation du Japon n’est pas isolée et similaire voire meilleure que celle de beaucoup de pays de l’OCDE ( Allemagne, Autriche, Hongrie, Portugal, Espagne). Le taux de fécondité du Japon remonte d’ailleurs lentement depuis 2005 (1,26 enfants/femme en 2005, 1,39 enfants/femme en 2010.

Retour haut de page

L’innovation technologique : la véritable force cachée du Japon

Le secteur des produits électroniques montre apparemment le mieux le recul du Japon devant la concurrence sud-coréenne dans un domaine où il était autrefois leader. Mais paradoxalement il révèle aussi un aspect méconnu de la puissance japonaise : des produits  coréens comme ceux de Samsung qui concurrencent les fabricants japonais sont en effet en partie de conception japonaise.

Le leadership japonais reste en effet très important dans l’innovation technologique. Plus exactement, la maîtrise technologique japonaise s’est déplacé en amont de la production industrielle et plusieurs secteurs voient ainsi un net leadership voire un monopole du Japon :

  • les tranches de silice équipant la plupart des circuits intégrés des ordinateurs
  • les aiguilles de lecture des supports magnétiques des disques durs d’ordinateurs
  •  les appareils photo numériques,
  • les écrans tactiles des téléphones mobiles et des consoles de jeux
  • tous les écrans de télévision HD du monde qui sont protégés par un film invisible de fabrication japonaise
  • tous les mécanismes de changements de vitesse des vélos du monde eux aussi de fabrication japonaise !

Si en 2009 un groupe sud-coréen a pu remporter l’appel d’offres lancé par l’émirat d’Abu Dhabi pour son programme d’équipement nucléaire civil c’était en partie grâce à l’apport technologique de Toshiba. Autres exemples : Nippon Steel Works, la seule entreprise au monde capable de couler d’une seule pièce un cœur de réacteur nucléaire et le disque Blu-ray, invention du japonais Sony qui s’est imposé comme la nouvelle norme des supports de vidéo numérique après une rivalité avec le HD DVD de Toyota, autre fabricant japonais.

Les dépenses japonaises de recherche et développement représentent 17 % de la recherche mondiale, ce qui en fait le premier pays en terme de recherche par habitant et 30 % des brevets déposés dans le monde sont japonais.

Retour haut de page

Sources :

Autres articles conseillés :

Faites tourner l’info :Email

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *