L’écriture kanji

le terme kanji écrit en écriture kanjiL’écriture kanji est une partie très importante du japonais. Sans en proposer une méthode d’apprentissage complète (il faudrait un livre ou un site entier pour cela) je vais au moins essayer de vous en montrer les particularités et de vous donner des pistes et conseils pour l’apprendre le plus facilement possible.

Les kanjis : principe et utilisation

Les kanjis sont un ensemble de caractères d’origine chinoise qui servent en japonais à retranscrire les noms propres, les noms communs, les verbes, adverbes et adjectifs. A chaque kanji va correspondre un sens général qui aura des significations particulières et des prononciations différentes selon le contexte.

Les noms communs sont formés d’un ou de plusieurs kanjis. Par exemple le kanji 口 est associé au sens général de l’ouverture, de l’orifice.  Le kanji 出 est lui associé au sens général de la sortie, du départ. Ces deux kanjis associés forment le mot 出 口 (prononçé でぐち) signifiant la sortie (littéralement départ/orifice).

Le kanji 出 se retrouvera dans : le mot 出発 (prononcé しゅっぱつ) signifiant départ, le mot 出産 (prononcé しゅっさん) signifiant accouchement ou le verbe 出る (prononcé でる) signifiant sortir d’un endroit, quitter un lieu.

On peut remarquer que les mots 出発,  出 口 ou 出産 sont formés de deux kanjis alors que 出る est formé d’un kanji suivi d’un hiragana. C’est une caractéristique des verbes et de certains adjectifs en japonais : un ou plusieurs kanjis suivis de un ou plusieurs hiraganas lesquels hiraganas permettent de conjuguer le verbe et l’adjectif au passé, au présent, à la forme négative … Exemple : 食べる (prononcé たべる) signifie manger conjugué à l’infinitif ou au présent. Ce verbe conjugué au passé s’écrira 食べた (たべた).

Le kanji 食 utilisé ici signifie l’idée de nourriture, d’alimentation. On le retrouve dans  食べ物 (prononcé たべもの). Associé au kanji 物 (chose) il signifie littéralement chose à manger, c’est-dire un ou des aliments. Il se retrouvera aussi dans 朝食 (littéralement matin/nourriture) signifiant petit déjeuner et prononcé ちょうしょく.

Vous pouvez remarquer que la prononciation du kanji diffère selon le mot dans lequel il est utilisé. Les kanjis ont en effet deux types de prononciation : celle dite kunyomi typiquement japonaise et celle dite onyomi venant du chinois.

Continuons avec nos exemples. Prenons cette fois le kanji 熱 qui utilisé seul signifie fièvre (prononcé ねつ). Il est associé de façon plus générale au sens de la chaleur : ou le retrouvera donc utilisé pour écrire l’adjectif 熱い (prononçé あつい) signifiant chaud. Attention : pas un climat chaud mais plutôt un objet bien particulier comme une casserole ou un plat. L’adjectif associé à un climat chaud à la même prononciation (あつい) mais s’écrira 暑い.

Le kanji 熱 se retrouvera par contre dans le mot 熱心 (prononcé ねっしん). Ces deux kanjis associés signifient chaud/esprit et ont le sens de forte volonté, de détermination.

Les kanjis peuvent être classés de plusieurs façons : les classements les plus utilisés sont par niveau scolaire d’apprentissage (de la primaire au secondaire dans les écoles japonaises) et par niveau du JLPT (Japanese Language Practical Test), examen international de japonais pouvant être passé en France à Paris et Lyon et qui compte 5 niveaux.

Pourquoi les kanjis

On voit que les kanjis ont un mode de fonctionnement complètement différent de notre bonne vieille écriture latine. Si on ajoute que les kanjis les plus courants, reconnus comme nécessaires pour comprendre au moins dans les grandes lignes un texte écrit sont au nombre de 2136 (les jeunes japonais les apprennent jusqu’à l’âge de 16 ans), on peut se demander : pourquoi avoir adopté et gardé un système si compliqué alors que l’alphabet latin permettrait de simplifier énormément les choses et de largement moins nous prendre la tête ?
L’écriture est restée inconnue au Japon jusqu’au 7ème siècle ap JC, quand le gouvernement impérial décida d’adopter les kanjis et leur utilisation n’a jamais été remise en cause, même après l’import massif des techniques occidentales au 19ème siècle. Le gouvernement japonais aurait pourtant pensé après 1945 à adopter l’alphabet latin (tout comme le gouvernement chinois dans les années 70) mais y aurait renoncé.

A ça une raison possible : l’écriture occidentale et même tout type d’écriture en mode alphabétique ne sont pas adaptées à la prononciation du japonais. Les très nombreux mots de sens très différents mais à la prononciation identique ou très proches font en effet qu’un texte japonais écrit en mode alphabétique paraîtra très lourd, difficile voire impossible à comprendre au premier coup d’œil. Ainsi Kaeru (かえる) peut signifier  : grenouille (蛙), retourner chez soi (帰る), rendre quelque chose (返る), changer quelque chose (換える), pouvoir acheter (買える), pouvoir élever un animal (飼える)! On voit tout de suite que les kanjis en donnent une signification très claire là où l’alphabet latin nous laisse dans le brouillard.

Comment les apprendre

Même avec seulement 2136 caractères de base à connaître, apprendre les kanjis est un gros morceau. Et quand je parle d’apprendre les kanjis, ce n’est pas seulement apprendre à les lire mais aussi à les écrire en respectant leur tracé qui obéit à un ordre bien précis.

C’est pourquoi je vous conseille de consacrer aux kanjis une partie spécifique de votre temps d’apprentissage du japonais. Et ne vous cassez pas la tête à apprendre les différentes prononciations associées à chaque kanji : elles ne vous serviront à rien tant que vous ne saurez pas dans quel contexte elles sont utilisées. Réservez cette partie à l’apprentissage du vocabulaire, concentrez-vous sur le sens et l’écriture des kanjis. Avec du travail, de l’organisation (et il faut l’avouer de la patience), vous serez émerveillés quand vous vous rendrez compte que vous pourrez commencer à lire et comprendre le sens de votre première phrase en japonais.

Deux excellents livres sont à conseiller :

  • Les kanjis dans la tête de Yves Maniette. C’est la traduction régulièrement rééditée d’un livre américain qui repose sur le principe de l’apprentissage des kanjis par astuces et associations mnémotechniques. Grâce à ce livre, les kanjis, ensembles de traits apparemment incompréhensibles révèleront comme un sens caché. Inconvénient : ce sont les astuces mnémotechniques qui du coup ne sont pas faciles à assimiler
  • Kanji et Kana. Manuel et lexique des 2141 caractères officiels de l’écriture japonaise, un autre bouquin dédié aux kanjis lui aussi régulièrement réédité. Il commence par des explications très complètes (et complexes) sur le principe de fonctionnement de l’écriture japonaise puis propose une liste détaillée des kanjis en partant des plus simples. Chaque kanji est présenté en (très) gros caractères avec le sens de son tracé et des exemples d’utilisation dans différents termes de vocabulaire pour aider à mieux en mémoriser le sens. Un autre principe que le Maniette, Kanji et Kana fonctionne plutôt sur le système du par cœur. Différent mais aussi efficace

Pour compléter ces deux bouquins, Anki sera votre meilleur ami. Avec ce logiciel libre fonctionnant sur le principe de la répétition espacée (on vous pose une question autant de fois que nécessaire jusqu’à ce que la réponse soit assimilée), vous pourrez créer vos propres listes de kanjis à réviser ou télécharger des listes de kanjis déjà toutes prêtes. On peut signaler aussi une formidable application sous Androïd : Obenkyo, logiciel libre d’apprentissage du japonais permettant de réviser les kanjis classés par niveau du JLPT.

Complétez aussi cet apprentissage des kanjis par un apprentissage plus intuitif avec une méthode générale de langue japonaise. Une excellente méthode de japonais est Minna no Nihongo. Assimil peut très bien la compléter : dans tous les cas, privilégiez les méthodes écrites en écriture japonaise, avec des CDs audio et beaucoup d’exercices écrits. Lire, entendre et écrire régulièrement le japonais vous aidera ainsi énormément à assimiler les kanjis.

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